On pourrait penser que le niveau de censure imposé aux médias en Chine retarderait la contamination à la « real TV ». Pas de bol, le virus a été inoculé avec succès. Il y a bientôt 3 ans débarquait sur les écrans chinois « Feichang 6+1 », un genre de Nouvelle Star, où les participants étaient prêts à tout pour la célébrité.
L’originalité, c’est que les participants ne sont pas juste obligés de chanter. Libres à eux de s’exprimer en dansant, en récitant une poésie ; ils ont 5 minutes pour convaincre le jury, après avoir été mis sous pression pendant 6 jours par les équipes de l’émission.
Au fil des saisons de « Feichang 6+1″, on a pu constater que le jury devenait plus corrosif, voire odieux. Les participants pouvant se faire huer, crier dessus ou se faire sortir au bout de quelques secondes de prestation…
L’animateur Li Yong (une star ici), est devenu progressivement le pilier de l’émission. Lui qui, au départ, s’effaçait devant les candidats, quitte à faire tapisserie, est devenu le « méchant » qui assène le fameux « au revoir » aux candidats les plus faibles. Selon Li Yong, « La sympathie et les questions de perte de face font partie de la culture chinoise. La Chine est un pays de bienséance, donc tout le monde s’apitoie sur le faible. Et tout le monde doit avoir pitié du faible. Mais le but de ce jeu est de trouver le concurrent le plus fort parmi les plus forts. » Malgré tout, ils sont des millions à se gargariser devant les candidats humiliés dans une compétition sans pitié.
Les candidats eux-mêmes le disent : « C’est un plateau de la télévision nationale et je suis tellement content de pouvoir me tenir là. C’est tellement splendide et fabuleux. Je souhaite m’exprimer sur cette grande scène. »
Face au succès engendré par « Feichang 6+1″, on voit fleurir de nouveaux concepts calqués sur les real tv occidentales. Même si le gouvernement continue à avoir son mot à dire. Ainsi, les « recommandations » officielles aux émissions (mieux vaut qu’elles soient suivies si elles veulent continuer à être diffusées), préconisent que les candidats évitent toute “effusion de colère, joie, tristesse et adoptent une attitude digne pour ne pas nuire à l’image du parti. »
Cela n’empêchera pas des millions de gens de rester scotchés devant leur poste pour suivre les derniers numéros de « Une fille formidable », une autre émission télévisée qui s’inspire aussi de « American idol », ou bien de « Shanghai Rush », le « Pékin Express » local…