Bar à hôtesses, « salons de coiffure » aux néons roses, sex shops de luxe et escapades dans des hôtels à l’heure, les Chinois sont de moins en moins réservés face au sexe. Aujourd’hui, 60 à 70% d’entre eux ne se marient plus vierges, alors qu’ils n’étaient que 15% en 1989, selon les chiffres officiels. Toutefois, le mot reste encore tabou et certaines pratiques sont toujours aussi honteuses.
Dans les villes vitrines telles Shanghai et Pékin, il est loin le temps ou le sexe était un acte purement marital et austère. Aujourd’hui, les jeunes affichent en public des démonstrations de tendresse encore considérées comme pornographiques il y a peu. Des vibromasseurs sont en vente libre à côté des préservatifs dans les magasins ouverts 24/24h. Mais cette révolution sexuelle reste timorée et évoquée dans la clandestinité et avec pudeur, même entre amis. Conséquence : l’évolution des pratiques sexuelles n’a pas été suivie par une éducation sexuelle adéquate, entraînant une hausse des avortements, sans compter l’augmentation des MST, notamment chez les lycéennes, très peu informées.
Si le sexe est aussi peu abordé dans les discussions, notamment en direction des plus jeunes, c’est que le sexe hors mariage est reprouvé car il entraînerait des problèmes de société. Le prix dérisoire d’un avortement (1000 yuans, soit environ 95 euros) est préféré à une solution contraceptive et à la grossesse honteuse d’une adolescente.
Quant à l’homosexualité, elle reste largement taboue, comme la masturbation, mais s’affiche de plus en plus dans les médias et dans les grandes villes. On retiendra, en plein JO de 2008, le portrait d’une mère chinoise qui donnait des conseils pour faire face au « coming-out » de son enfant ainsi que l’émergence de clubs ouvertement pro LGBT.
Le sexe est-il censuré en Chine ? Si on s’arrête aux films pornographiques qui ne franchissent pas le « great firewall », on notera tout de même l’émergence des films érotiques (« Lust, Caution » de Ang Lee par exemple) vue par une grande majorité de Chinois, en version censurée et non censurée à Hong Kong. La féminité est aussi très différente de celle observée en Occident. En Chine, aucun problème pour une femme habillée sexy. Un héritage de la Chine de Mao qui avait imposé l’égalité hommes/femmes, mais dans un registre plus asexué. La censure sur Internet ne s’exerce pas en priorité sur le mot « sexe ». Les mots crus sont mal vus et les métaphores sont volontiers employées pour parler de sexe, tant dans les conversations courantes que dans les films.
Il semble tout de même que les attitudes se sont libéralisées lorsque l’on parle de sexe et de relations; il y a de plus en plus de couples avec des aventures pré et extra maritales (le scandale des concubines revient à la mode), de divorces, de démonstration d’affections publiques…etc.
Un seul mot d’ordre émanant du gouvernement : vivez comme vous le voulez, discrètement, mais laissez-nous vous gouverner comme nous l’entendons. Ainsi va la Chine, même en matière de sexe.